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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/85

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41. Retiré de là tout nu et couvert de fange, il fut conduit à Minturnes, où on le remit entre les mains des magistrats ; car le décret du sénat qui ordonnait à tout Romain de le poursuivre et de le tuer, s'il était pris, avait été déjà publié dans toutes les villes. Les magistrats, avant de mettre ce décret à exécution, voulurent en délibérer ; et en attendant ils déposèrent Marius dans la maison d'une femme nommée Fannia, qu'on croyait indisposée contre lui, pour une cause déjà ancienne. Fannia avait eu pour mari un homme nommé Tinnius, dont elle se sépara en redemandant une très riche dot qu'elle lui avait apportée. Tinnius, pour se dispenser de la rendre, l'accusa d'adultère, et l'affaire fut portée devant Marius, alors consul pour la sixième fois. D'après l'instruction du procès, il parut que Fannia, avant son mariage, avait mené une mauvaise vie, et que Tinnius, qui ne l'ignorait pas, n'avait pas laissé de l'épouser et de vivre longtemps avec elle. Marius, les jugeant tous deux coupables, condamna le mari à rendre la dot, et nota la femme d'infamie, en lui imposant une amende d'un sou. Fannia, dans cette occasion, ne se conduisit pas en femme offensée : dès qu'elle eut Marius entre ses mains, bien loin de lui témoigner du ressentiment, elle le secourut de tout son pouvoir,