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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/92

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de Marius, qui, s'attachant les plus robustes, eut formé en peu de jours une armée, qu'il embarqua sur quarante navires.

45. Il connaissait Octavius pour un homme de bien, qui voulait gouverner avec la plus exacte justice ; il savait au contraire que Cinna était suspect à Sylla, et qu'il voulait renverser le gouvernement actuel ; résolu donc d'aller le joindre avec son armée, il lui fit dire qu'il était prêt à lui obéir et à le reconnaître pour consul. Cinna le reçut avec joie, lui donna le titre de proconsul, et lui envoya les faisceaux, avec les autres marques de sa dignité. Marius les refusa, en disant que ces ornements ne convenaient point à sa fortune présente ; il continua de porter une méchante robe, et de laisser croître ses cheveux, comme il avait toujours fait depuis le jour qu'il avait été banni, à l'âge de plus de soixante-dix ans. Il affectait de marcher lentement, afin d'exciter la compassion ; mais sous cette extérieur abattu éclatait toujours l'air de fierté qui lui était naturel, et qui paraissait fait pour inspirer la terreur plutôt que la pitié ; sa tristesse même faisait assez voir que ses revers avaient plus aigri qu'abattu son courage. Dès qu'il eut salué Cinna et parlé aux troupes, il agit sans perdre de temps, et fit bientôt changer de face aux affaires. D'abord, tenant