Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/104

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l’un fut déchiré par ses chiens, et l’autre par des hommes dont il était aimé ; des deux Scipions, le premier vainquit les Carthaginois, et le second les détruisit pour toujours ; Ilium fut pris une première fois par Hercule, pour punir Laomédon du refus qu’il faisait de lui donner des chevaux qu’il lui avait promis ; la seconde fois par Agamemnon, à la faveur d’un cheval de bois, et la troisième, par Charidème(1), lorsqu’un cheval s’étant abattu sous la porte de la ville, les Troyens n’eurent pas le temps de la fermer ; enfin, de deux villes qui portent les noms de deux plantes odoriférantes, Ios et Smyrne(2), l’une, dit-on, fut le berceau d’Homère, et l’autre son tombeau. Ajoutons à tous ces exemples, que les généraux les plus belliqueux, ceux qui, pour exécuter de grandes entreprises, ont employé la ruse autant que l’habileté, avaient tous perdu un œil, tels que Philippe, Antigonus, Annibal et Sertorius, celui de qui nous écrivons la vie. Ce dernier, il est vrai, fut plus continent que Philippe, plus fidèle à ses amis qu’Antigonus, et plus humain qu’Annibal envers ses ennemis ; il ne le cédait à aucun d’eux en prudence ; mais il fut moins favorisé de la fortune, qui se montra toujours plus cruelle à son égard que ses ennemis les plus déclarés. Cependant il sut égaler Métellus par son expérience, Pompée par son audace, et