Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

désirait vivement d'y retourner ; mais ce désir ne l'empêchait pas de montrer, dans ses malheurs, le plus grand courage : jamais il ne fit la moindre bassesse auprès de ses ennemis ; au contraire, dans ses victoires il envoyait dire à Métellus et à Pompée qu'il était prêt à poser les armes, pour aller vivre à Rome en simple particulier, si on lui permettait d'y retourner ; qu'il préférait la vie la plus obscure dans sa patrie à l'empire du monde entier, qu'il faudrait acheter par l'exil. Ce grand amour de la patrie venait surtout, à ce qu'on assure, de sa tendresse extrême pour sa mère, qui l'avait élevé avec soin depuis qu'il était resté orphelin en bas âge, et à laquelle il était uniquement attaché. Appelé par les amis qu'il avait en Espagne pour en prendre le commandement, il y apprit la mort de sa mère, et il fut accablé d'une douleur si vive qu'il voulut renoncer à la vie ; il resta sept jours entiers couché à terre, sans donner le mot aux troupes, et sans voir ses amis. Ses officiers et ceux qui partageaient avec lui le commandement, ayant environné sa tente, ne purent le déterminer qu'avec peine à se montrer aux soldats, à leur parler, à se mettre à la tête des affaires, qui étaient dans le meilleur état : aussi le regardait-on assez généralement comme un esprit doux, ami du repos, que des