Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

motifs puissants avaient, contre son inclination, porté au commandement des armées, qui, ne pouvant vivre en sûreté dans son pays, et poussé par ses ennemis à prendre les armes, n’avait cherché, en faisant la guerre, que sa sûreté personnelle.

XXVI. Son traité avec Mithridate est une nouvelle preuve de sa grandeur d’âme. Ce prince, abattu par Sylla, s’étant relevé comme pour commencer une seconde lutte, entra de nouveau dans l’Asie. La réputation de Sertorius était déjà répandue dans toutes les contrées, et les commerçants qui revenaient des mers du couchant remplissaient le royaume de Pont du bruit de ses exploits 2]. Mithridate, excité par les flatteries de ses courtisans, qui comparaient Sertorius à Annibal, et lui-même à Pyrrhus ; qui lui assuraient que les Romains, attaqués de deux côtés à la fois, ne pourraient jamais tenir contre deux si grands généraux et contre des puissances devenues si redoutables, quand le plus habile capitaine serait réuni au plus grand des rois, Mithridate, dis-je, résolut de lui envoyer des ambassadeurs. Il les fit partir pour l’Espagne avec des lettres, et les chargea d’offrir de vive voix à Sertorius des vaisseaux et de l’argent pour soutenir la guerre, à condition que Sertorius lui assurerait la possession de