Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/150

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et ne permettait à ses convives que des amusements sages ; la bonne chère n’y amenait jamais aucune insolence. Ce jour-là, quand on fut au milieu du souper, les conjurés, qui cherchaient à exciter une querelle, se permirent hautement des paroles grossières, et, feignant d’être ivres, ils commirent les actions les plus indécentes, afin d’irriter Sertorius. Ce général, soit qu’il ne pût supporter une telle licence, soit que leur bégaiement et leur conduite offensante, à laquelle il n’était pas accoutumé, lui eussent fait pénétrer leur dessein, changea de posture, et se renversa sur son lit, afin de ne prendre aucune part à ce qui se passait entre eux. Alors Perpenna prit une coupe pleine de vin, et en buvant il la laissa tomber : au bruit de sa chute, signal dont les conjurés étaient convenus, Antonius, qui était assis au-dessus de Sertorius, lui donne un coup d’épée ; Sertorius, se sentant frapper, se retourne aussitôt et veut se lever, mais Antonius se jette sur son corps, et lui saisit les deux mains. Sertorius, ne pouvant se défendre, expire percé de coups.

XXXI. A la première nouvelle de sa mort, la plupart des Espagnols se retirèrent du camp, et envoyèrent des ambassadeurs à Métellus et à Pompée pour se rendre à eux. Perpenna, ayant rassemblé ceux qui étaient restés auprès de lui,