Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/480

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XIX. De là il se rendit à Delphes pour consulter le dieu sur son expédition d’Asie ; mais on était alors dans ces jours malheureux où il n’est pas permis à la prêtresse de rendre des oracles. Il fit d’abord prier la prophétesse de venir au temple ; mais elle le refusa, en alléguant la loi qui le défendait ; Alexandre, y étant allé lui-même, la traîna de force au temple. La prophétesse, comme vaincue par cette violence, s’écria : « 0 mon fils ! tu es invincible. » A cette parole, Alexandre lui dit qu’il n’avait pas besoin d’autre oracle, qu’il avait celui qu’il désirait d’elle. Au moment de son départ, les dieux lui envoyèrent plusieurs autres présages ; dans la ville de Libèthres, une statue d’Orphée, faite de bois de cyprès, fut, dans ces mêmes jours-là, couverte de sueur ; et, comme ce signe paraissait menaçant, le devin Aristandre assura qu’il était de bon augure ; qu’il annonçait qu’Alexandre ferait des exploits dignes d’être célébrés partout, et qui feraient suer les poètes et les musiciens, par la peine qu’il auraient à les chanter. Les historiens qui lui donnent le moins de troupes à son départ pour l’Asie, les font monter à trente mille hommes de pied et à cinq mille chevaux ; ceux qui lui en donnent le plus les portent à trente-quatre mille fantassins et à quatre mille cavaliers.