Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/508

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rassurèrent, en lui disant que la ville qu’il bâtirait serait abondante en toutes sortes de fruits et nourrirait un grand nombre d’habitants divers ; il ordonna donc aux architectes de commencer sur-le-champ l’ouvrage.

XXXVII. Cependant il partit pour aller au temple de Jupiter Ammon. Le chemin était long et fatigant ; il offrait partout les plus grandes difficultés. Il y avait deux dangers à courir : la disette d’eau, qui rend le pays désert pendant plusieurs journées de marche ; l’autre, d’être surpris, en traversant ces plaines immenses d’un sable profond, par un vent violent du midi, comme il arriva à l’armée de Cambyse ; ce vent, ayant élevé de vastes monceaux de sable et fait de cette plaine comme une mer orageuse, engloutit, dit-on, en un instant cinquante mille hommes, dont il ne s’en sauva pas un seul. Tout le monde prévoyait ce double danger, mais il n’était pas facile de détourner Alexandre d’une résolution qu’il avait prise. La fortune, qui cédait à toutes ses volontés, le rendait ferme dans ses desseins ; et son courage lui donnait, dans toutes ses entreprises, une obstination invincible, qui forçait non seulement ses ennemis, mais les lieux et les temps mêmes. Les secours que le dieu lui envoya dans ce voyage, pour surmonter les difficultés