Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

En effet, celui qui, en fait d’union, ne tient pas compte du devoir, montre sensiblement qu’il s’attache à une femme non pour avoir des enfants, mais pour le seul attrait de la volupté : il reçoit donc le salaire qu’il a mérité ; et il s’est ôté à lui-même toute autorité sur des enfants pour qui c’est un opprobre même d’être nés.

En général, les lois de Solon sur les femmes renferment, ce semble, bien des inconséquences. Par exemple, il permet de tuer celui qu’on surprend en adultère ; tandis que celui qui a ravi une femme libre et lui a fait violence, il ne le condamne qu’à une amende de cent drachmes[1]. Si le ravisseur la prostitue, il payera vingt drachmes[2], à moins qu’elle ne soit de ces femmes qui se vendent publiquement, autrement dit des courtisanes, des femmes qui s’abandonnent sans honte au premier qui les paye. Solon défend de vendre sa fille ou sa sœur, à moins qu’on ne l’ait surprise en faute avant d’être mariée. Or, il est déraisonnable de punir le même crime, tantôt avec la plus grande rigueur, tantôt avec une douceur extrême, comme si c’était un jeu, en ne condamnant qu’à une légère amende.

Au reste, on peut dire que la rareté de l’argent à Athènes, et la difficulté de s’en procurer, rendaient vraiment onéreuses les amendes pécuniaires ; car, dans l’estimation des frais des sacrifices, Solon évalue au même taux un mouton, une drachme, et un médimne de blé[3]. Le vainqueur des jeux Isthmiques recevait, d’après sa loi, cent drachmes ; celui des jeux Olympiques, cinq cents. Il donne cinq drachmes, à celui qui apportera un loup, et une drachme si c’est une louve. Cinq drachmes étaient, suivant Démétrius de Phalère[4],

  1. À peu près 93 francs.
  2. 18 francs 60 centimes.
  3. Ainsi l’hectolitre de blé valait alors moins de 2 francs d’aujourd’hui, c’est-à-dire le dixième de ce que nous le payons en moyenne.
  4. Le fameux orateur qui gouverna Athènes pour les Macédoniens.