Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/29

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rassemblaient jadis, pour faire à Jupiter Hécaléen un sacrifice qu’on appelait hécalésien, où ils honoraient Hécalé, et lui donnaient le nom diminutif d’Hécalène, par imitation de ce qu’elle-même avait fait. Lorsqu’elle reçut Thésée, qui était encore fort jeune, elle l’avait embrassé, et elle lui avait donné, suivant l’usage des vieilles gens, de ces petits noms d’amitié. Elle avait voué un sacrifice à Jupiter, si Thésée revenait vainqueur du combat où il allait s’engager ; mais elle mourut avant son retour, et Thésée institua la solennité, en reconnaissance de l’hospitalité qu’il avait reçue. Tel est le récit de Philochorus[1].

Peu de temps après, des députés vinrent de Crète chercher pour la troisième fois le tribut. Androgée, fils de Minos, ayant été tué en trahison dans l’Attique, Minos avait fait aux Athéniens une guerre impitoyable. En même temps les dieux avaient frappé le pays de tous les fléaux : partout la stérilité et les maladies ; enfin les rivières avaient tari. L’oracle d’Apollon annonça que la colère des dieux ne s’apaiserait, et qu’il n’y aurait de trêve à ces maux, qu’après qu’on aurait apaisé Minos, et fait la paix avec lui. On lui envoya donc des hérauts, pour le supplier d’accorder la paix. Il y consentit, à condition que, pendant neuf ans, les Athéniens lui payeraient un tribut de sept jeunes garçons et d’autant de jeunes filles. Voilà sur quoi la plupart des écrivains sont d’accord. S’il faut en croire le récit le plus tragique, ces enfants, transportés en Crète, étaient dévorés par le Minotaure, dans le Labyrinthe, ou bien ils mouraient égarés dans ce palais, faisant de vains efforts pour en trouver l’issue. Quant au Minotaure, c’était, suivant le mot d’Euripide,

Un corps double, un être monstrueux ;

  1. Historien athénien de la fin du troisième siècle avant J.-C.