Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

let[1], appelées alors les nones de Quintilis ; et, ce jour-là, on en célèbre encore, à Rome, la fête commémorative. D’abord, des citoyens sortent de la ville en troupe confuse, prononçant à haute voix plusieurs des noms romains les plus ordinaires, Caius, Marcus, Lucius, et d’autres semblables, en imitation de la sortie précipitée des soldats s’entr’appelant les uns les autres. Ensuite, les femmes esclaves, vêtues de robes magnifiques, se promènent par la ville, folâtrant, et lançant des brocards sur tous ceux qu’elles rencontrent. Elles se livrent aussi entre elles une sorte de combat, pour marquer la part qu’elles eurent à la lutte contre les Latins. Enfin, elles s’asseyent sous des branchages de figuier ; et là, on leur donne un festin. Ce jour s’appelle les nones Capratines : nom qui vient, à ce qu’on croit, du figuier sauvage où monta la jeune esclave, pour élever le flambeau ; car le figuier sauvage se nomme caprificus, dans la langue des Romains. D’autres prétendent que ce qui se fait et se dit dans cette fête a trait à la disparition de Romulus. En effet, c’est ce jour-là qu’il disparut, durant une tempête qui s’était élevée tout à coup, accompagnée d’une obscurité profonde ; ou, comme d’autres le pensent, durant une éclipse de soleil. Et ce jour aurait été appelé nones Capratines, du mot capra, nom latin de la chèvre, parce que Romulus disparut pendant qu’il tenait une assemblée du peuple près du marais de la Chèvre, comme je l’ai écrit dans sa Vie[2].

Voici l’autre récit, celui qu’ont adopté presque tous les historiens.

Camille, nommé dictateur pour la troisième fois, ayant appris que l’armée commandée par les tribuns militaires était assiégée dans son camp par les Latins et les Volsques, fut forcé d’enrôler sous les armes même des hommes qui n’étaient plus en âge de servir. Il tourna,

  1. C’est-à-dire le 7 juillet.
  2. On a déjà vu tous les détails qui précèdent à la fin de la Vie de Romulus.