Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/41

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fête de tout le peuple athénien. Il institua aussi le sacrifice appelé Métœcie[1], pour le seizième jour du mois Hécatombéon[2] et qui se célèbre encore de notre temps. Il abdiqua ensuite la royauté, comme il l’avait promis, et il s’occupa de régler les affaires de l’État. Il commença par les dieux ; et voici les destinées que l’oracle de Delphes, en réponse à ses questions, prédit à la ville :

O Thésée, fils d’Égée et de la fille de Pitthéus,
Mon père a décidé que bien des villes auraient leurs intérêts et leur sort enchaînés à votre ville.
Ne va donc pas livrer ton cœur au ravage
Des soucis : comme l’outre, malgré la tourmente, tu traverseras les mers.

Longtemps après, la Sibylle, à ce qu’on raconte, rendit le même oracle à la ville d’Athènes :

Comme l’outre, tu te mouilles ; mais tu ne saurais enfoncer.

Dans le dessein d’accroître encore davantage la population de la ville, il appelait à l’égalité des droits civiques tous ceux qui voulaient y habiter ; et la proclamation : « Peuples, venez tous ! » est, dit-on, celle dont se servit jadis Thésée, quand il fit d’Athènes comme le rendez-vous de tous les peuples. Mais il ne permit point que cette multitude, qui accourait de toutes parts pêle-mêle, fût, pour la république, une cause de désordre et de confusion ; et il institua trois classes différentes de citoyens : les nobles, les laboureurs, les artisans. Il donna à la noblesse les fonctions religieuses, les magistratures, la préparation des lois et l’interprétation des rites sacrés. Cette classe se trouva ainsi sur un pied d’égalité avec les deux autres : les nobles l’emportaient par les honneurs, les laboureurs par l’utilité de leur profession, et les

  1. C’est-à-dire la commémoration du changement de résidence.
  2. Mois correspondant en partie à juillet, en partie à août.