Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/457

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l’orgueil de Carthage abattue ; il fit éprouver à ses concitoyens une joie qui dépassait toutes leurs espérances ; et l’on peut dire, avec vérité, qu’il releva l’empire

Ébranlé par les coups pressés de la tempête.


Mais Fabius Maximus ne vécut pas assez longtemps pour voir la fin de la guerre, apprendre la défaite d’Annibal, et être témoin du grand et solide bonheur de sa patrie : il mourut de maladie, vers le temps où l’Italie fut évacuée par Annibal[1]. Épaminondas avait été enterré aux dépens du trésor public de Thèbes, à cause de la pauvreté dans laquelle il mourut ; car, après sa mort, on ne trouva dans sa maison qu’une petite broche de fer[2]. Fabius ne fut pas enterré aux frais du trésor ; mais tous les Romains contribuèrent à ses obsèques, chacun pour la plus petite de leurs monnaies[3] : non point qu’il fût mort pauvre, et pour couvrir les frais de ses funérailles ; mais le peuple voulut célébrer ses funérailles, comme celles d’un père. Ainsi les honneurs et la gloire dont sa mort fut environnée répondirent à l’éclat de sa vie.

  1. On ne sait pas quel âge il avait à sa mort ; mais il devait être au moins nonagénaire, s’il est vrai, comme quelques-uns l’ont rapporté, qu’il ait été pendant soixante-deux ans membre du collège des augures.
  2. Nom d’une petite monnaie dont on ignore la valeur ; mais le mot ὀβέλισκος est comme un diminutif d’ὄβολος, obole.
  3. Probablement pour un quadrans, ou un quart d’as.