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COMPARAISON
DE
PERICLÈS ET DE FABIUS MAXIMUS.


Nous avons raconté la vie de Périclès et celle de Fabius Maximus. Or, ces deux hommes ont laissé, l’un et l’autre, plus d’un bel exemple et de vertus politiques et de vertus militaires. Nous allons donc, dans cette comparaison, commencer par ce qu’ils ont fait comme généraux d’armée.

Lorsque Périclès parut, Athènes était au comble de la prospérité, et dans tout l’éclat de sa grandeur et de sa puissance ; et l’on pourrait croire que, s’il a marché toujours d’un pas assuré, sans obstacle et sans revers, il l’a dû à la force des choses, et au cours fortuné des affaires publiques. Fabius, au contraire, trouvait sa patrie dans une situation déplorable et vraiment humiliante : il n’eut donc pas à la maintenir à un degré toujours égal de prospérité ; mais il la tira du sein de ses calamités, et il la remit dans une position meilleure. Après les succès de Cimon, les trophées de Myronide et de Léocrate, les nombreux et brillants exploits de Tolmide, Périclès, devenu le chef de sa patrie, n’avait guère qu’à l’entretenir dans les plaisirs et les fêtes publiques, et non point à la recouvrer et à la conserver par la force des armes. Fabius, en arrivant au pouvoir, ne voyait autour de lui que déroutes, défaites et massacres ; que morts de magistrats suprêmes et de généraux : les lacs, les plaines, les bois, étaient jonchés des cadavres des armées ;