Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/474

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dirait Diomède. Chez celui-ci, ce fut un vrai désespoir : il prenait les dieux et les hommes à témoin de cette perfidie. Il paraît que l’affaire fut portée en justice ; et il existe un discours d’Isocrate, sur le Char, pour le fils d’Alcibiade, mais où la partie adverse est nommée Tisias, et non pas Diomède[1].

Dès son début dans les affaires, Alcibiade, très-jeune encore, eut bientôt effacé tous les autres orateurs. Deux seulement soutinrent la lutte : Phéax, fils d’Érasistrate, et Nicias[2], fils de Nicératus. Celui-ci était déjà vieux, et il passait pour un des meilleurs généraux d’Athènes. Phéax commençait, comme Alcibiade, à s’élever dans la république. Issu de parents illustres par leur noblesse, Phéax était inférieur à son rival sous plusieurs rapports, et surtout du côté de l’éloquence : dans la conversation privée, il était à l’aise, et il savait faire prévaloir son avis ; mais il n’avait pas toute la force nécessaire, pour lutter avec avantage dans l’assemblée du peuple. Il était, dit Eupolis[3],

Parleur très-habile, très-impuissant orateur.


Il nous reste un discours de Phéax contre Alcibiade[4], où on lit, entre plusieurs autres reproches, qu’Alcibiade faisait servir à son usage journalier, comme s’ils lui eussent appartenu, ces nombreux vases d’or et d’argent que possédait la république, et qu’on portait en pompe aux cérémonies solennelles.

Il y avait, à Athènes, un certain Hyperbolus, du dème Périthoïde. Thucydide lui-même[5] en parle comme d’un méchant homme ; et presque tous les poëtes comiques

  1. Ce discours fait encore partie des œuvres d’Isocrate.
  2. Celui dont Plutarque a écrit la Vie.
  3. Poëte de l’ancienne comédie.
  4. Ce discours n’existe plus, ni rien de ce qu’avait laissé Phéax.
  5. Guerre du Péloponnèse, livre VIII, chapitre LXXIII.