Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/80

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plétement, lorsqu’il fait livrer par Tarpéia le Capitole non aux Sabins, mais aux Gaulois, dont le roi lui aurait inspiré une passion violente. Voici ses vers :

Près de là, sur le sommet du Capitole, Tarpéia
Habitait, celle qui causa la ruine des remparts de Rome.
Brûlant de partager la couche nuptiale du roi des Celtes,
Elle ne garda point les demeures de ses pères.

Et, un peu plus loin, en parlant de sa mort :

Ni les Boïens, ni les innombrables nations des Celtes,
Ne se coupèrent les cheveux sur sa tombe, par delà le fleuve du Pô ;
Mais ils détachèrent leurs armes de leurs bras belliqueux,
Et ils en accablèrent la jeune fille infortunée : ce fut là l’ornement de ses funérailles.

Tarpéia fut enterrée dans le lieu même ; et la colline porta le nom de Tarpéienne, jusqu’à ce que Tarquin l’Ancien l’eut consacrée à Jupiter. Alors on transporta ailleurs les os de Tarpéia, et un autre nom prévalut. Il y a, toutefois, une des roches du Capitole qui s’appelle encore aujourd’hui la roche Tarpéienne : c’est celle d’où l’on précipite les criminels.

Romulus, voyant les Sabins maîtres de la forteresse, ne contient plus sa colère, et il les défie au combat. Tatius accepta sans balancer, assuré qu’il était d’une retraite bien fortifiée, au cas où il leur faudrait lâcher pied. La plaine où l’on devait combattre était resserrée entre plusieurs collines : le combat s’offrait difficile et rude aux yeux des deux partis, à cause de la fâcheuse disposition du terrain. L’espace était si resserré, qu’il ne permettait ni de fuir l’ennemi, ni de le poursuivre. Le Tibre, d’ailleurs, était sorti de son lit quelques jours auparavant, et il avait laissé, dans la plaine où est aujourd’hui le Forum, un bourbier profond : on n’en voyait rien à l’œil ; rien n’avertissait de s’en garantir ; impossible de s’en tirer, car