Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

condamné à une amende. Marcellus en employa la valeur à la confection de vases d’argent pour les libations, qu’il consacra aux dieux.

La première guerre contre les Carthaginois était à peine terminée, après vingt-deux ans de combats, que Rome y vit succéder une nouvelle guerre ; c’était avec les Gaulois. Les Ibères[1], peuplade celtique, habitaient dans le nord de l’Italie le pays situé au pied des Alpes ; déjà puissants par eux-mêmes, ils appelèrent d’autres troupes à leur aide, et firent venir de la Gaule les mercenaires nommés Gessates. C’est une chose étonnante, et qu’il faut, ce me semble, attribuer à la bonne fortune des Romains, que la guerre celtique n’ait pas éclaté pendant la guerre libyque, et que les Gaulois soient restés comme en observation, dans l’inaction d’une neutralité exacte et parfaite, pendant la lutte des deux peuples ; qu’ils soient sortis seulement alors, pour les attaquer vainqueurs, et qu’ils les aient provoqués quand ceux-ci n’eurent plus affaire à d’autres.

Cependant, le point d’où partait le danger le rendait plus terrible : Rome allait avoir la guerre avec un peuple voisin, sur la frontière, à ses portes. Et puis, ce qui effrayait encore, c’était l’ancienne réputation des Gaulois : il n’y avait pas un peuple que les Romains redoutassent autant ; car déjà ils avaient pris leur ville, et depuis lors une loi avait été portée, qui exemptait les prêtres du service militaire, excepté le cas d’une nouvelle guerre avec les Gaulois[2]. Leurs préparatifs sont une preuve de leur

  1. Ce mot est peut-être une faute de copiste, pour celui d’Insubres, dont plus tard se servira Plutarque en parlant de la même nation ; à moins que l’historien n’ait confondu, ce qui est tout aussi probable, et n’ait cru que ce peuple subalpin se nommait indifféremment Insubres ou Ibères.
  2. Voyez la Vie de Camille, dans le premier volume.