Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


COMPARAISON
D’ARISTIDE ET DE MARCUS CATON.


Nous avons raconté de ces deux hommes tout ce qui était digne de mémoire ; or, maintenant, si nous comparons la vie entière de l’un à toute la vie de l’autre, la différence n’est pas facile à saisir, effacée qu’elle est par une foule de traits de ressemblance. Mais si l’on veut établir le parallèle sur les points de détail, comme on fait pour juger un poëme ou une peinture, ce qu’ils ont de commun l’un et l’autre, c’est que, sans aucun secours étranger, ils se sont avancés dans les fonctions publiques et dans les honneurs par leur vertu et leur capacité. Mais Aristide, ce semble, s’illustra dans un temps où Athènes n’était pas encore bien puissante, et où les démagogues et les généraux qui pouvaient être ses concurrents, étaient tous réduits à peu près à la même médiocrité de fortune ; car les citoyens de la première classe n’avaient que cinq cents médimnes de revenu[1] ; les chevaliers, qui composaient la seconde, en avaient trois cents ; et les citoyens de la troisième, qu’on nommait zeugites, deux cents. Au contraire, lorsque Caton, sorti d’une petite ville et d’une condition rustique, se jeta dans le gouvernement de Rome, comme dans une mer sans rivage, cette ville n’était plus gouvernée par des Curius, des Fabricius, des Hostilius ; elle n’appelait plus de la charrue

  1. Voyez la Vie de Solon dans le premier volume.