Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/289

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à main armée, conduisit à bonne fin la plupart de ses entreprises par ses négociations, sa douceur, ses alliances avec les rois, comme il a été écrit dans sa Vie[1]. Philopœmen, au contraire, guerrier habile, et qui savait assurer le succès par la force des armes, d’ailleurs capitaine heureux, et qui avait réussi dès ses premiers essais, augmenta la confiance des Achéens en même temps que leur puissance, en les accoutumant à vaincre avec lui, à obtenir des avantages dans presque tous les combats.

Il commença par changer l’ordonnance et l’armure trop légère des Achéens. Ils avaient des boucliers très-faciles à manier parce qu’ils étaient fort minces, mais trop étroits pour leur couvrir tout le corps, et des javelines beaucoup plus courtes que les sarisses macédoniennes. C’étaient des traits excellents par leur légèreté pour combattre et frapper de loin, mais désavantageux dans une mêlée. Les Achéens n’étaient pas exercés à former le bataillon que sa forme a fait nommer la spirale. Leur phalange n’avait qu’un front sans saillie, et ne savait pas lier ses boucliers, comme celle des Macédoniens : aussi était-elle facilement enfoncée et rompue. Philopœmen leur enseigna cette manœuvre, et les engagea à remplacer le bouclier long et la javeline par le bouclier rond et la sarisse, à s’armer de casques, de cuirasses et de cuissards, à combattre à leur poste, de pied ferme, au lieu de ne livrer que des combats d’escarmouches et de voltigeurs. Lorsque les jeunes gens eurent suivi son conseil et se virent revêtus d’une armure complète, ils prirent tant de confiance en eux-mêmes qu’ils se crurent invincibles.

Leur goût pour les délices et la dépense superflue prit par ses soins une direction meilleure. C’était une maladie invétérée et presque incurable chez eux, que cette vaine

  1. Cette Vie est dans le quatrième volume.