Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/56

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fut père d’Antigonus, surnommé Gonatas. De celui-ci naquit Démétrius, qui mourut après un règne assez court, laissant Philippe, son fils, en bas âge. Les principaux d’entre les Macédoniens, craignant l’anarchie, prennent Antigonus, neveu du roi défunt, lui font épouser la mère de Philippe, et lui confèrent d’abord le titre de tuteur du prince et de général des armées, puis celui de roi, quand ils eurent éprouvé les effets de sa modération et de sa capacité pour les affaires. Il fut surnommé Doson[1] parce qu’il promettait toujours et ne tenait jamais ses promesses. Après lui régna Philippe, qui se distingua, dès sa plus tendre jeunesse, entre les rois les plus illustres : il donna l’espérance qu’il rendrait à la Macédoine son ancienne dignité, et qu’il arrêterait seul la puissance romaine, déjà menaçante pour toutes les nations. Mais il fut vaincu dans une grande bataille près de Scotuse, par Titus Flamininus[2] ; et, abattu par ce revers, il se remit à la discrétion des Romains, et se tint heureux d’en être quitte pour une modique amende. Bientôt, impatient de son état, et sentant que régner par la grâce seule des Romains c’était bien plus le fait d’un esclave aimant le luxe que celui d’un homme ayant de la tête et du cœur, il ne songea plus qu’à la guerre, et il en fit les préparatifs avec autant d’adresse que de secret. Il laissa les villes situées sur les grands chemins ou sur les bords de la mer dans leur état de délabrement et d’abandon, pour ôter toute défiance, et rassembla des forces considérables dans les hautes provinces, emplissant châteaux, forteresses et villes de l’intérieur d’armes, d’argent et de bons soldats, exerçant et approvisionnant la guerre, et la tenant, pour ainsi dire, soigneusement cachée à tous les yeux. Il avait en réserve des armes

  1. C’est le participe futur du verbe δίδωμι, donner.
  2. Voyez la Vie de Flamininus dans ce volume.