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NICIAS.

l’exception des généraux : ceux-ci seront mis à mort. » On adopta le décret.

Hermocratès représenta qu’il y avait une chose plus belle même que la victoire, c’était de faire de la victoire un noble usage ; mais il souleva contre lui un mécontentement tumultueux. Gylippe demanda à emmener vivants à Lacédémone les généraux athéniens ; et les Syracusains, que leurs succès rendaient déjà insolents, l’accablèrent d’injures. D’ailleurs, même pendant la guerre, sa dureté laconienne, la rudesse de son commandement leur avaient été pénibles à supporter ; et on lui reprochait, dit Timée, une sordide avarice et une cupidité insatiable. C’était chez lui une maladie héréditaire ; car Cléandridès, son père, avait été banni pour s’être laissé corrompre. Et lui-même, des mille talents que Lysandre envoya à Sparte, il en détourna trente, et les cacha sous le toit de sa maison ; mais il fut dénoncé et chassé de sa patrie de la manière la plus honteuse. J’ai raconté ce fait avec plus de détails dans la Vie de Lysandre.

Quant à Démosthène et à Nicias, Timée ne dit pas qu’ils soient morts lapidés par les Syracusains, comme le rapportent Philistus et Thucydide[1]. Suivant lui, pendant que l’assemblée était encore en séance, Hermocratès leur envoya un de ses gens, que les gardes laissèrent entrer ; et ils se donnèrent la mort de leurs propres mains. Toutefois il est vrai que leurs cadavres, jetés devant la porte de la prison, restèrent exposés aux regards de ceux qui les voulaient voir. J’entends dire qu’à présent encore on montre dans un temple à Syracuse un bouclier que l’on croit être celui de Nicias ; le dessus en est composé d’un tissu de fils d’or et de pourpre artistement entrelacés.

La plupart des Athéniens périrent dans les Latomies

  1. Thucydide dit qu’ils furent égorgés par les Syracusains.