Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/196

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et se parler ; ils tournoyaient dans un espace resserre, et, retombant les uns sur les autres, ils étaient criblés de flèches, et mouraient non d’une mort facile et prompte, mais dans les convulsions et les tortures d’une mort atroce : ils se roulaient sur le sable avec les flèches enfoncées dans leur corps, et expiraient des blessures qu’ils empiraient eux-mêmes en s’efforçant d’arracher les pointes recourbées des flèches qui avaient pénétré dans leurs veines et dans leurs nerfs : ils voulaient briser dans la plaie ces pointes à force de les tirer, et ils ne faisaient que se blesser eux-mêmes. Beaucoup mouraient ainsi ; ceux qui vivaient encore étaient incapables d’agir. Et lorsque Publius donna l’ordre de charger sur cette cavalerie bardée de fer, ils lui montrèrent leurs mains clouées à leurs boucliers, et leurs pieds traversés et fixés au sol, de sorte qu’il leur était tout aussi impossible de fuir que d’attaquer. Il s’élança donc lui-même à la tête de ses cavaliers, et, chargeant vigoureusement, il joignit l’ennemi. Mais il avait trop de désavantage dans ses moyens d’attaque et de défense : il frappait avec des javelines courtes et faibles sur des cuirasses de cuir cru et de fer ; et c’était avec des épieux que les Parthes frappaient ses Gaulois, dont les corps étaient légèrement armés et découverts. C’est en eux cependant qu’il avait le plus de confiance ; et avec eux il fit des prodiges de valeur. Ils saisissaient les épieux, embrassaient par le milieu du corps et jetaient à bas de leurs chevaux ces hommes dont les mouvements étaient embarrassés par le poids de leur armure. Plusieurs quittaient leurs propres chevaux et se glissaient sous ceux des ennemis ; ils leur plongeaient leurs épées dans le ventre. Ces animaux, bondissant de douleur, mouraient en écrasant sous leurs pieds, en même temps pêle-mêle, leurs cavaliers et les ennemis. Ce qui incommodait le plus les Gaulois, c’était la chaleur et la soif, qu’ils n’étaient pas accoutumés à