Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/293

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ce n’était pas un mensonge pour tromper Tisapherne ; mais celui-ci, ne se fiant point à Agésilas, à cause de sa première ruse, se trompa lui-même : il crut que son ennemi étant si inférieur en cavalerie, c’était sur la Carie qu’il se jetterait, parce que le pays est difficile pour les manœuvres de la cavalerie. Mais, lorsque Agésilas, comme il l’avait annoncé, fut arrivé dans les plaines de Sardes, Tisapherne fut obligé de revenir en toute hâte au secours de cette place ; et ses cavaliers tuèrent beaucoup d’hommes débandés qui pillaient la plaine. Agésilas alors, faisant la réflexion que les ennemis n’avaient pas encore leur infanterie, tandis qu’il ne lui manquait, à lui, aucune partie de ses forces, se hâta d’en venir à une bataille décisive. Il mêle dans ses escadrons des fantassins légèrement armés, et leur donne l’ordre de charger au galop droit devant eux ; et lui-même il marche aussitôt à la tête de ses fantassins. Les Barbares prirent la fuite ; et les Grecs, les ayant poursuivis l’épée dans les reins jusqu’à leur camp, s’en emparèrent et leur tuèrent beaucoup de monde.

Depuis cette bataille, les Grecs pouvaient librement et sans crainte piller et enlever tout dans les pays du roi ; ils eurent même la satisfaction de voir punir Tisapherne, qui était un homme méchant, et l’ennemi le plus acharné de la race grecque. En effet, le roi envoya incontinent contre lui Tithraustès, qui lui coupa la tête, et qui fit à Agésilas la proposition de mettre fin à la guerre, de reprendre la mer et de retourner dans sa patrie ; il lui envoya même offrir des sommes d’argent. Mais celui-ci répondit que, quant à la paix, c’était sa ville qui en était l’unique arbitre ; et que pour lui il trouvait plus de plaisir à enrichir ses soldats qu’à être riche lui-même ; que d’ailleurs les Grecs trouvaient beau non pas de recevoir de l’ennemi des présents, mais de prendre ses dépouilles. Cependant, pour faire quelque chose d’agréable à Ti-