Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/333

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creusant ce grand fossé. Ce qu’ils en ont fait sera pour eux un embarras ; ce qu’il en reste à faire nous donne la facilité de les combattre à nombre égal avec un avantage pareil. Allons ! c’est maintenant qu’il faut montrer ton ardeur, ta vaillance. Viens avec nous fondre sur eux au galop, et sauver ta personne et ton armée. Ceux que nous aurons de front ne soutiendront point notre choc ; et le fossé empêchera les autres de nous prendre en flanc. » Nectanébis, admirant l’habileté d’Agésiias, se plaça au centre des Grecs, et, chargeant avec eux, il mit facilement en fuite tout ce qu’il rencontra.

Lorsqu’Agésilas eut ainsi recouvré la confiance de Nectanébis, il usa une deuxième fois du même stratagème, comme un lutteur du même tour contre son adversaire. Tantôt il fuit pas à pas et attire à lui les ennemis, tantôt il tourne autour d’eux ; et il jette ainsi toute leur multitude sur une espèce de chaussée fort étroite que bordait, de&deux côtés, un fossé plein d’eau, puis il en occupe toute la largeur, et la ferme de front avec sa phalange. Ils ne peuvent plus lui opposer qu’une ligne de bataille égale à la sienne : nul moyen de le prendre en flanc et de l’envelopper. Aussi leur résistance ne fut-elle pas longue : en un instant ils furent mis en déroute. On en tua beaucoup ; les autres parvinrent à s’échapper, et se dispersèrent de tous côtés.

Dès ce moment, les affaires de l’Égyptien se trouvèrent en bon état ; elles prirent de la consistance et de la sécurité. Il donna des témoignages de sa satisfaction et de sa bienveillance à Agésilas, et l’invita à rester, et à passer l’hiver auprès de lui. Mais Agésilas avait hâte de retourner dans sa patrie, sachant que Sparte, qui avait une guerre à soutenir, avait besoin d’argent pour soudoyer les troupes étrangères. Nectanébis le congédia avec tous les honneurs et toute la magnificence possibles ; et,