Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/341

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sa faconde vous mène à son gré ! » Ce propos les irrita au point qu’ils se jetèrent à l’instant sur Vindius, et le massacrèrent.

Pompée, alors âgé de vingt-trois ans, n’attendit pas qu’on lui déférât le commandement : il s’en donna à lui-même l’autorité, fit dresser un tribunal sur la place d’Auximum, ville considérable, et rendit une sentence pour ordonner à deux frères, nommés Ventidius, qui étaient les premiers du pays, et qui travaillaient contre lui dans l’intérêt de Carbon, de sortir sur l’heure de la ville. Il leva des soldats, nomma des capitaines, des chefs de bandes, en un mot tous les grades de la milice romaine ; puis il parcourut les autres villes l’une après l’autre, faisant partout de même. Tous les partisans de Carbon se retiraient à son approche, et cédaient la place ; les autres couraient se mettre à sa disposition. Il eut bientôt complété trois légions, et ramassé les vivres, les bagages, les chariots, tout l’appareil nécessaire. Alors il se mit en chemin pour aller trouver Sylla, sans hâter sa marche, sans vouloir se cacher : au contraire, il s’arrêtait sur la route, faisant dommage aux ennemis, et sollicitant toutes les villes d’Italie par où il passait à se déclarer contre Carbon.

Trois chefs ennemis vinrent l’assaillir en même temps, Carrinnas, Célius et Brutus, non point de front ni tous ensemble, mais par trois côtés différents, et avec trois corps d’armée séparés : ils l’enveloppaient, comptant l’enlever sans effort. Pompée ne s’effraie point : il rassemble toutes ses forces, tombe sur les troupes de Brutus avec sa cavalerie, lui-même en tête : c’était son front de bataille. La cavalerie des ennemis, composée de Gaulois, donna aussi la première. Pompée commence l’attaque : il perce de sa lance et renverse par terre le chef de la troupe, qui était aussi le plus vigoureux ; à l’instant tous les autres tournent le dos, jettent le désordre parmi l’infan-