bornes, ne déplairont pas trop peut-être aux lecteurs les plus difficiles. Alexandre, s’étant rendu maître de Suse, trouva dans le palais des rois quarante mille talents[1] d’argent monnayé, et une quantité innombrable de meubles et d’effets précieux de toute espèce, entre autres cinq mille talents[2] de pourpre d’Hermione[3], qu’on tenait entassée depuis cent quatre-vingt-dix ans, et qui conservait encore toute sa fleur et son premier éclat. Cela vient, dit-on, de ce que la teinture écarlate s’y faisait avec du miel, et la teinture en blanc avec de l’huile blanche ; on voit aujourd’hui de cette pourpre, tout aussi ancienne, qui a encore toute sa fraîcheur et toute sa vivacité. Dinon[4] rapporte que les rois de Perse faisaient venir de l’eau du Nil et de l’Ister[5], qu’ils mettaient en dépôt dans leur trésor avec leurs autres richesses, pour montrer l’étendue de leur empire, et prouver qu’ils étaient les maîtres de l’univers.
La Perse est un pays très-rude et d’un abord difficile, et qui était défendu d’ailleurs par les plus vaillants d’entre les Perses ; car c’était là que Darius s’était retiré après sa fuite. Alexandre y pénétra, en faisant un détour peu considérable, conduit par un homme qui parlait les deux langues, né qu’il était d’un père lycien et d’une mère persane. On dit que ce guide lui avait été prédit dans son enfance par la Pythie, qui lui annonça qu’un Lycien le conduirait en Perse. Il se fit là un carnage horrible des prisonniers. Alexandre, d’après ce qu’il a écrit lui-même, crut que son intérêt exigeait cette mesure rigou-