Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/290

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paroles de la part de Séleucus. Déjà Démétrius qui, même après un revers si affreux, avait regardé comme la démarche la plus honteuse de s’être livré lui-même, se repentait de la répugnance qu’il avait témoignée, ne doutant plus de la bonne foi de Séleucus, et s’abandonnant aux plus douces espérances.

Mais tout à coup on voit arriver Pausanias avec un corps d’environ mille hommes, tant fantassins que cavaliers : il environne Démétrius, et, écartant tous ceux qui étaient autour de lui, il se saisit de sa personne, et le conduit non à Séleucus, mais dans la Chersonèe de Syrie[1], où il fut confiné sous une sûre garde pour le reste de ses jours. Du reste, il fut bien traité par Séleucus : Séleucus lui donna un nombre suffisant d’officiers pour le servir, de l’argent, et une table servie comme il convenait à un roi. On lui avait même assigné des lieux de plaisance, dans lesquels il y avait des lices et des promenades toutes royales, et des parcs remplis de bêtes fauves. Il fut permis à ceux de ses amis qui l’avaient accompagné dans sa fuite de rester avec lui s’ils le voulaient. Toutes les personnes qui venaient le voir de la part de Séleucus lui apportaient de consolantes paroles ; et Séleucus le faisait exhorter à prendre courage, promettant qu’aussitôt après l’arrivée d’Antiochus et de Stratonice, on négocierait un accommodement.

Démétrius, réduit à une telle infortune, écrivit d’abord à son fils, et manda en même temps à ses officiers et aux amis qu’il avait à Athènes et à Corinthe, qu’ils n’ajoutassent foi ni à ses lettres ni à son sceau ; mais qu’ils le regardassent comme mort, et conservassent à son fils les villes et les richesses qu’ils avaient encore en leur pouvoir. Lorsque Antigonus apprit la détention de son père,

  1. La Chersonèse de Syrie était une presqu’île formée par le fleuve Oronte et des marais, et où se trouvait la ville d’Apamée.