Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/396

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DION.


(De l’an 409 à l’an 354 avant J.-C)

Simonide dit, mon cher Sossius Sénécion, que la ville de Troie ne sut point mauvais gré aux Corinthiens de ce qu’ils s’étaient joints aux Grecs pour lui faire la guerre, parce que Glaucus, qui était originaire de Corinthe[1], combattait avec zèle pour sa défense. Il me semble de même que les Grecs et les Romains n’ont pas à se plaindre de l’Académie, puisqu’elle les a également favorisés, comme tu le verras dans ce volume, qui contient les Vies de Dion et de Brutus ; car, l’un ayant été disciple de Platon lui-même, et l’autre ayant été nourri des préceptes de Platon, ils sont sortis tous deux comme d’une même palestre pour exécuter les plus grands exploits. Or, que tous deux, par la ressemblance et, pour ainsi dire, la fraternité de leurs actions, ils aient rendu ce témoignage au philosophe qui fut leur guide dans la pratique de la vertu, savoir, qu’un homme d’État, pour donner à sa conduite politique toute la grandeur et tout l’éclat dont elle est susceptible, doit unir dans sa personne, à la fortune et à la puissance, la prudence et la justice, c’est de quoi il ne faut pas s’étonner. Car, de même qu’Hippomachus, le frotteur d’huile, reconnaissait de loin, à ce qu’il assurait, ceux qui avaient fait leurs exercices sous ses leçons, à la manière seule dont ils rapportaient

  1. Il descendait de Bellérophon. Voyez le récit qu’il fait lui-même dans le sixième livre de l’Iliade.