Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mort de Démosthène, le conduisit en Macédoine pour y recevoir, de la main même de ceux dont il avait été le vil flatteur, la juste punition de son crime. Déjà il leur était odieux ; et il commit, dans cette occasion, une faute dont il lui fut impossible de se justifier. On surprit une lettre de lui, par laquelle il invitait Perdiccas à entrer en armes dans la Macédoine, et à délivrer la Grèce, qui ne tenait plus qu’à un fil usé et pourri : c’est ainsi qu’il désignait Antipater. Dinarchus le Corinthien se porta pour son accusateur, et le convainquit d’être l’auteur de la lettre. Cassandre, dans le premier mouvement de sa colère, massacra son fils entre ses bras, et ordonna qu’on le fit mourir lui-même. Ainsi Démade put se convaincre, au prix des plus affreuses calamités, que les traîtres sont toujours les premiers à se vendre eux-mêmes : c’était ce que Démosthène lui avait souvent prédit, et ce qu’il n’avait jamais voulu croire.

Voilà, mon cher Sénécion, la vie de Démosthène, d’après ce que j’ai recueilli dans mes lectures et dans mes conversations.


___________