Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/673

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élevèrent un tombeau, qui ne pouvait, ni par sa grandeur, ni par le faste des inscriptions, exciter l’envie. En passant par Brixille, j’ai vu ce monument, qui est fort modeste, et ne porte que cette simple épitaphe : « À la mémoire de Marcus Othon. »

Othon mourut à l’âge de trente-sept ans, après un règne de trois mois. Les censeurs de sa vie sont nombreux et d’un grand poids ; les apologistes de sa mort ne le sont pas moins ; car, s’il ne vécut guère mieux que Néron, il mourut du moins avec plus de courage. Après sa mort, les soldats se mutinèrent contre Pollion[1], l’un de leurs généraux, parce qu’il voulait leur faire prêter tout de suite serment de fidélité à Vitellius ; et, sachant qu’il était resté dans la ville quelques sénateurs, ils laissèrent là tous les autres, et allèrent s’adresser au seul Verginius Rufus. Ils se rendirent chez lui en armes, et le voulurent forcer d’être ou leur empereur, ou leur député auprès des vainqueurs ; mais Verginius aurait cru faire une folie d’accepter d’une armée vaincue l’empire, quand il l’avait refusé lorsqu’elle était victorieuse. D’un autre côté, il craignait d’aller en députation vers les Germains, eux qu’il avait forcés maintes fois à agir contre leur gré. Il se déroba donc à leurs sollicitations, en sortant par une porte de derrière : ce que les soldats ayant appris, ils prêtèrent serment à Vitellius, et se joignirent aux troupes de Cécina, lequel leur accorda un plein et entier pardon.

FIN du TOME QUATRIÈME.
  1. Ce Pollion est inconnu. Mais on conjecture qu’il est le même que Plotius Firmus, préfet du prétoire, cité par les autres historiens.