Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/69

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il prodiguait les louanges et aux grands hommes qui l’avaient précédé, et à ses contemporains, comme on le voit par ses écrits. On rapporte aussi de lui plusieurs mots caractéristiques. Il disait, par exemple, d’Aristote, que c’était un fleuve qui roule de l’or à grands flots[1] ; et, des dialogues de Platon, que, si Jupiter voulait parler, ce serait là son style[2]. Il avait coutume d’appeler Théophraste ses délices[3]. On lui demandait un jour quel était le discours de Démosthène qu’il trouvait le plus beau : « Le plus long[4], » répondit-il. Cependant quelques-uns de ceux qui se disent les zélés partisans de Démosthène lui reprochent d’avoir écrit dans une lettre à un de ses amis, que Démosthène, dans ses discours, se laisse aller quelquefois au sommeil[5]. Mais ces censeurs ne se souviennent pas apparemment des éloges admirables qu’il donne à Démosthène en plusieurs endroits de ses ouvrages, et que les discours qu’il a travaillés avec le plus de soin, ceux qu’il a faits contre Antoine, il leur a donné le nom de Philippiques.

De tous les orateurs et de tous les philosophes célèbres de son temps, il n’en est pas un seul dont il n’ait augmenté la réputation, par les louanges qu’il leur a décernées dans ses discours ou dans ses écrits. Il appuya de tout son crédit auprès de César, déjà dictateur, Cratippus le péripatéticien, pour lui faire obtenir le droit de cité romaine. Il lui fit obtenir aussi de l’Aréopage un décret, par lequel on le priait de rester à Athènes pour y instruire les jeunes gens, comme étant un des ornements

  1. Dans les Académiques, II, 68.
  2. Dans le Brutus, chap. xxi.
  3. Voyez Tuscul., v, 9 ; Orator, 19 ; ad Attic, ii, 10.
  4. Pline le jeune, Epist., i, 20, applique ce mot de Cicéron aux discours de Cicéron lui-même : M. Tullium, cujus oratio optima fertur esse, quæ maxima.
  5. Cette lettre dont parle Plutarque n’existe plus.