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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

sa ceinture et la couvre de riches vêtements ; les Grâces et la déesse de la persuasion lui passent un collier d’or ; les Heures à la belle chevelure la couronnent des fleurs du printemps ; le dieu messager, vainqueur d’Argus, place dans son cœur selon l’ordre de Jupiter, du dieu de la foudre, les doux mensonges, les paroles décevantes, les ruses perfides ; puis il lui donne un nom et l’appelle Pandore, parce que chacun des immortels habitants de l’Olympe avait fait un présent à cet objet fatal, préparé pour la perte des mortels industrieux.

Quand Jupiter a terminé les apprêts de sa ruse terrible et inévitable, il envoie à Épiméthée, pour lui offrir ce funeste don, l’illustre vainqueur d’Argus, le rapide messager des dieux. Épiméthée oublia, en ce moment, le conseil que lui avait donné Prométhée, de ne rien recevoir du maître de l’Olympe et de lui renvoyer tous ses dons, dans la crainte de quelque malheur pour les mortels. Il reçut le présent de Jupiter, et, lorsqu’il en fut possesseur, alors seulement il sentit toute son imprudence.

Auparavant, la race humaine vivait sur la terre loin de tous les maux, loin de la peine, de la fatigue, des tristes maladies, qui ont apporté aux hommes la vieillesse et la mort (car les hommes vieillissent vite dans l’affliction). Mais Pandore, découvrant de ses mains un vase qu’elle portait, laissa échapper tous ces fléaux et les répandit sur les mortels. L’Espérance seule y resta captive, errant sur les bords du vase, prête à s’envoler ; car Pandore le referma sur-le-champ, d’après l’ordre du grand Jupiter. Depuis ce temps, mille fléaux divers parcourent la demeure des mortels ; la terre est pleine de maux, la mer en est pleine ; les