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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

péri, l’impudence et l’injure ont triomphé de la justice et possèdent toute la terre (289-292).

Le lion lui-même n’a pas toujours de la chair pour se nourrir ; il peut lui arriver malgré sa force, de se trouver dans l’impuissance (293-294).

Pour un grand parleur, le silence est un accablant fardeau ; mais s’il parle, c’est en ignorant, et il est lui-même bien à charge à sa compagnie. Tous le haïssent, et c’est un ennui insupportable que la société d’un tel homme dans un repas (295-298).

L’homme auquel il arrive malheur, nul, Cyrnus, ne veut plus être son ami, pas même celui qui est sorti du même sein (299-300).

Mêle l’âpreté à la douceur ; sois gracieux et dur pour tes esclaves, tes serviteurs, tes plus proches voisins (301-302).

Il ne faut point agiter une vie heureuse ; il faut la garder paisible : mais une vie malheureuse a besoin de mouvement, jusqu’à ce qu’on l’ait amenée à quelque chose de mieux (303-304).

Les méchants ne sont pas tout à fait méchants dès le ventre de leur mère, mais après qu’ils ont fait amitié avec des méchants. Ils apprennent les actes coupables, les paroles injurieuses, la violence, croyant que ceux-ci ne disent que la vérité (305-308).

Avec tes compagnons de table, conduis-toi en homme de sens ; parais ne rien voir, comme si tu étais absent ; apporte ta part de gaieté et ne reprends ta sagesse qu’à la porte, connaissant les sentiments de chacun (309-312).

Avec les fous, je sais m’abandonner à la folie ; avec les justes, je suis juste plus qu’aucun autre homme (313-314).