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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

Beaucoup de méchants sont riches, tandis que beaucoup d’hommes de bien sont pauvres ; je ne changerais pas ma vertu contre leur richesse ; la vertu demeure toujours ; la richesse passe d’un homme à l’autre (315-318).

Cyrnus, l’homme de bien a l’âme toujours ferme ; il est fort, et dans l’infortune et dans la prospérité. Mais, si la divinité envoie à un méchant l’abondance et la richesse, il perd le sens et ne peut maîtriser son mauvais naturel (319-322).

Ne va pas, Cyrnus, pour de légers motifs, perdre un ami, prêtant trop facilement l’oreille aux méchants discours. Si l’on s’irrite des moindres défauts de ses amis, plus d’accord ni d’amitié possible. Les fautes sont attachées à la condition des mortels ; aux dieux seuls il convient de ne les point souffrir (323-328).

Le sage, quelque lent qu’il soit, atteint l’homme le plus agile, Cyrnus, lorsque dans cette poursuite, il a avec lui la justice des dieux immortels (329-330).

Paisible, comme je le suis, pose le pied sur le milieu du chemin, et ne gratifie pas les uns, Cyrnus, de ce qui appartient aux autres (331-332).

N’embrasse pas, Cyrnus, dans l’espérance d’en tirer avantage, un exilé : de retour chez lui, ce n’est plus le même homme (333-334).

Point de hâte ; le milieu en tout est le meilleur : de cette manière, Cyrnus, tu posséderas la vertu, si difficile à obtenir (335-336).

Que Jupiter m’accorde, Cyrnus, de pouvoir récompenser ceux qui m’aiment, et de prévaloir sur mes ennemis, de paraître ainsi un dieu parmi les hommes, m’étant acquitté envers tous, avant que me saisisse la Parque fatale (337-340).