Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
NOTICE SUR HÉSIODE

tion et de généralisation mythologique encore inconnu à Homère. C’est même cette pensée nouvelle de la nécessité du travail fondée sur ces dogmes non moins nouveaux, développés au début du poème, qui lui donne l’espèce d’unité, grossière peut-être dans la forme, mais réelle quant aux idées, que si souvent on lui a refusée, faute de la comprendre, faute de s’être mis au point de vue du poète et de son époque ; c’est cette pensée dominante, partout reproduite dans les exhortations qu’Hésiode adresse à son frère qui fait le lien de tous ces conseils ruraux, politiques, économiques dont se compose la plus grande partie de l’ouvrage, et où se déroule avec un grand charme d’énergique naïveté le tableau des mœurs et de l’esprit du temps. Parmi ces Conseils ou ces Exhortations, nom sous lequel les anciens désignent fréquemment le poème entier, ainsi que sous celui de Sentences, ont trouvé place un certain nombre de proverbes, fruits vénérables de l’expérience des siècles, qu’Hésiode avait recueillis, et dont quelques-uns remontaient jusqu’à l’âge héroïque. L’apologue, cette leçon figurée de la sagesse antique, n’y pouvait pas manquer : aussi en était-il considéré comme le premier auteur. À la suite des Œuvres, titre qui semble s’appliquer d’une manière plus spéciale aux préceptes relatifs à l’agriculture et à la navigation, beaucoup moins prisée par le poète béotien, viennent les Jours, sorte de calendrier religieux, qui en était une annexe naturelle, et où l’on a soupçonné, sans preuves suffisantes, une addition postérieure, telle au reste que la