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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

J’ai entendu, Polypédès, le cri de l’oiseau qui vient annoncer aux hommes la saison du labourage. Il m’a percé le cœur, parce que d’autres possèdent mes champs fleuris, qu’un attelage de mules n’y traîne plus ma charrue[1]......(1197-1202).

Je n’irai point ; ma voix n’appellera pas les mânes, mes gémissements ne retentiront pas sur la tombe du tyran qui descend sous la terre. Si j’étais mort, me plaindrait-il ? ses yeux verseraient-ils des larmes brûlantes (1203-1206) ?

Je ne te repousse pas de ma table ; je ne t’y appelle pas non plus. Tu es fâcheux[2] quand tu es présent, et, quand tu es absent, tu deviens mon ami (1207-1208).

Je suis d`une illustre race, et, si j’habite les murs de Thèbes, c’est qu’on m’a banni de ma patrie (1209-1210).

Ne te ris pas de moi, n’insulte pas à ceux qui m’ont fait naître, Argyris ; car, toi, tu as vu le jour de l’esclavage. Beaucoup d’autres maux, sans doute, m’affligent, ô femme, puisque j’ai dû quitter ma patrie ; mais, du moins, je ne connais pas la triste servitude, on ne m’a point vendu. Je suis, moi-même, citoyen d’une belle ville, près de la plaine de Léthé (1211-1216).

Ne rions pas près de ceux qui pleurent, nous complaisant, Cyrnus, dans notre heureuse fortune (1217-1218).

Tromper un ennemi est chose difficile, Cyrnus ; mais c’est chose facile que de tromper un ami (1219-1220).

  1. Le vers 1202, évidemment altéré, n’a pas été traduit par M. Patin
  2. M. Patin a suivi la leçon ordinaire.

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