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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

Ce poème est appelé Salamine, et contient cent vers qui sont d’une grande beauté. Il n’eût pas plus tôt fini de le chanter que ses amis en firent l’éloge. Pisistrate, de son côté, encouragea si bien les Athéniens, à en croire Solon, que le décret fut révoqué, la guerre déclarée et Solon nommé général.

L’opinion la plus commune sur cette expédition, c’est qu’il s’embarqua avec Pisistrate, qu’il fit voile vers le promontoire de Coliade[1], où il trouva toutes les femmes athéniennes rassemblées pour faire à Cérès un sacrifice solennel. Il envoie sur le champ à Salamine un homme de confiance qui, se donnant pour un transfuge, propose aux Mégariens, alors maîtres de cette île, de le suivre sans retard au promontoire de Coliade, où ils pourront enlever les principales femmes d’Athènes. Les Mégariens, sur sa parole, dépêchent à l’heure même un vaisseau rempli de soldats. Solon, ayant vu ce vaisseau sortir de Salamine, renvoie promptement toutes les femmes, fait prendre leurs coiffures et leurs vêtements aux jeunes Athéniens qui n’avaient pas encore de barbe ; et après leur avoir fait cacher des poignards sous leurs robes, il leur ordonne d’aller jusqu’à ce que les ennemis fussent descendus à terre, et que le vaisseau ne pût lui échapper. Cet ordre fut exécuté : les Mégariens, trompés par ces danses, débarquèrent avec sécurité, et se précipitèrent à l’envie pour enlever ces prétendues femmes ; mais ils furent

  1. Dans l’Attique près de Phalère.