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NOTICE SUR HÉSIODE

de le démontrer par un examen plus approfondi du but de ce poème, de son ordonnance et de son esprit général, et par une analyse philosophique des principaux mythes qu’il renferme, faite au point de vue historique et critique où nous nous sommes placés plus haut.


Hésiode, ou l’auteur quel qu’il soit de la Théogonie, vint à une époque où les symboles et les légendes populaires des dieux de la Grèce commençaient à ne plus suffire à la curiosité naissante des esprits, avides de pénétrer le secret du monde et l’origine des choses, mais tout engagés encore dans la forme mythique et pleins de foi dans leurs propres créations. Ces symboles et ces légendes, d’ailleurs, s’étaient tellement multipliés, soit dans les cultes locaux, soit dans les chants d’une longue succession d’Aèdes, que le besoin se faisait sentir partout de les rapprocher, de les réunir, de créer entre eux des rapports, une filiation suivie, et d’organiser la cité des dieux et leur histoire, comme les tribus et cités des peuples helléniques tendaient elles-mêmes à s’organiser en un corps de nation et à constater, par des généalogies aussi bien que par des institutions politiques, leur origine commune. Hésiode entreprit tout à la fois de satisfaire à cette curiosité nouvelle et à ce besoin de plus en plus général des esprits ; il le fit selon le génie et les conditions de son temps, comme un poète qu’il était, n’ayant d’autre part que le chant, d’autre science que la mémoire, mais se