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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

surtout recueillait avec enthousiasme ses éloquentes paroles.

Bientôt il établit une sorte d’institut ou de collège qui avait quelque analogie avec les ordres monastiques nés plus tard du sein du christianisme. Les disciples habitaient tous ensemble, avec leurs familles, dans un vaste édifice appelé omachoion ou auditoire commun. Ils n’étaient admis qu’après un examen minutieux. Les deux premières années étaient consacrées à une sorte de cours d’éducation : un silence rigoureux était prescrit aux élèves qui devaient surtout exercer leur mémoire en apprenant par cœur des sentences morales et religieuses. L’austérité de ces études était tempérée par la promenade, le chant, la musique, la danse. Après ce noviciat, les jeunes gens étaient admis à entendre directement le maître dont la voix ne leur était parvenue jusqu’alors qu’à travers une cloison : ils le consultaient, ils rédigeaient ses leçons. L’idée fondamentale de son enseignement était que la force et l’épreuve de tous les êtres repose sur un rapport de nombres qui y est contenu, que le monde consiste par l’harmonie et la concordance des divers éléments et que l’harmonie morale est le but suprême de l’éducation humaine. Au bout de cinq ans, les disciples se répandaient dans toutes les parties du monde ancien, mais restaient rattachés par les liens d’une sorte de confrérie à laquelle on a comparé quelquefois l’ordre des Jésuites. Quelques-uns furent même appelés par différentes villes pour y fonder des lois ou pour y