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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/308

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NOTICE SUR PYTHAGORE

établir la concorde, à Caulonia, par exemple, et à Métaponte.

En même temps que Pythagore donnait cet enseignement scientifique, moral et religieux, et s’adressait, dans des sortes de conférences publiques, même aux femmes auxquelles il apprenait les devoirs de leur sexe, il exerçait une grande influence sur le gouvernement de Crotone. À côté des pouvoirs légaux, il avait organisé un pouvoir nouveau qui les dirigeait et les dominait. C’était une société d’environ trois cents membres, appartenant surtout à la classe noble et riche, liés par une communauté de principes moraux, de pratiques religieuses et de sacrifices, et s’engageant envers le Maître et envers l’Ordre à un secret absolu, comme cela avait lieu dans l’initiation des mystères. Cette société, riche, intelligente, disciplinée, finit par déplaire aux Crotoniates. À côté des Pythagoriciens il s’organisa une autre association, celle-là vraiment populaire, sous la direction de Cylon, que Pythagore n’avait pas voulu admettre dans son ordre parce qu’il lui reprochait un caractère violent et impérieux ; elle chercha à soulever contre le parti des grands les colères et les ressentiments de la foule. Un soulèvement eut lieu ; soixante membres de l’ordre, cernés, incendiés dans le lieu habituel de leurs séances, périrent au milieu des flammes. Pythagore avait pris la fuite ; mal reçu à Locres et à Tarente par les habitants qui voyaient en lui un dangereux réformateur, il se retira à Métaponte, où il se laissa mourir de faim dans le temple des Muses. C’était