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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

l’Amour ; tandis que, sous ses auspices, la Terre s’unissant au Ciel mit au jour l’Océan, le fleuve des fleuves, qui lui forme une vaste ceinture, et Téthys, mère par lui des eaux douces et nourricières. Ce premier couple, né du Ciel et de la Terre, fut suivi de cinq autres, et de ces douze enfants le dernier et le plus habile, ce fut Cronos, le Temps, qui eut pour sœur et pour épouse Rhéa, celle qui coule et passe incessamment, la durée, mère du changement et du progrès. Quant aux autres couples, il en sera question plus loin. Contentons-nous de remarquer par avance que ces êtres symboliques, parmi lesquels se distinguent encore Thémis, la loi éternelle, et Mnémosyne, la mémoire, la mère des Muses, semblent exprimer, dans leur idée commune et primordiale, les principes élémentaires et comme les prototypes des forces physiques et morales par le concours desquelles la création s’est développée dans l’étendue, entre le Ciel et la Terre.

Mais le Ciel et la Terre eurent encore d’autres enfants qui concoururent à cette grande œuvre et hâtèrent par leurs efforts réitérés l’organisation définitive du monde matériel. C’est une double triade de frères, les Cyclopes, qui donnèrent dans la suite à Jupiter le tonnerre et la foudre et les Hécatonchires ou Cent-Mains, à la force indomptable, à la forme terrible. Les noms propres appliqués à ces symboles nouveaux montrent en eux l’opposition symétrique des grands phénomènes de l’atmosphère pendant l’été et pendant l’hiver, par conséquent la tendance au retour