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NOTICE SUR HÉSIODE

breuse et inférieure opposée à la région supérieure et lumineuse ; c’est, ainsi qu’on l’a très bien dit, au sens cosmogonique, le penchant que conserve la Terre, ou la nature dégagée du Chaos, à s’y replonger partiellement. Éros, ou l’Amour, qui déjà jouait un grand rôle à cette époque dans la mythologie poétique, est ici l’agent suprême de la création, le principe de mouvement et d’union qui rapproche tous les êtres, la cause efficace des générations divines et humaines. Lorsque du Chaos, source éternelle et indéterminée des ténèbres, furent sorties les ténèbres déterminées et accidentelles, inférieures et supérieures, l’Érèbe et la Nuit, de la Nuit unie à l’Érèbe, par un premier effet de l’Amour, naquirent l’Éther et le Jour (Héméra), la lumière supérieure et la lumière inférieure. Sous un autre point de vue, l’Érèbe paraît être l’air épais et ténébreux fixé dans les lieux bas ; l’éther, l’air pur et transparent qui occupe la région élevée de la lumière. Quoi qu’il en soit, la lumière procède des ténèbres, le haut du bas, le clair de l’obscur, le déterminé de l’indéterminé ; c’est la loi générale de la création, que nous allons retrouver dans tous ses développements.

La Terre engendra d’abord d’elle-même Ouranos, le Ciel étoilé, la voûte céleste qui la couvre, opposée au profond Tartare, et produite après lui en vertu de cette loi dont nous venons de parler ; puis les grandes Montagnes qui s’élèvent sur son sein ; puis Pontos, la profondeur de la mer, dont les eaux salées semblent jaillir d’elle. Cette mer stérile fut enfantée, sans l’intervention de

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