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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

qui reparaissent ici comme fondements réels du monde, Rhéa, sa mère, le mit au jour secrètement dans l’île de Crète et abusa Cronos par le stratagème que l’on sait. « Il ne se doutait pas, l’insensé, qu’au lieu de cette pierre qu’il avalait, un fils lui était réservé, invincible et sans crainte, qui, après l’avoir dompté par une force supérieure, bientôt le dépouillerait de ses honneurs et régnerait en sa place sur les immortels. » En effet, devenu grand, Jupiter force son père de rejeter, avec la pierre, qu’il fixe à Pytho au pied du Parnasse, comme un monument de sa future victoire, ses frères et ses sœurs ; puis il délivre des chaînes où Cronos les avait plongés, ceux auxquels il en devra les instruments, les Cyclopes, ces vieilles puissances de l’atmosphère déjà si redoutées d’Ouranos.

Mais avant de raconter en détail cette lutte dernière et solennelle, d’où dépend le destin du monde, le poète s’interrompt encore. Il vient par une inversion pieuse, peut-être aussi pour l’ordonnance de son poème, de présenter sur le premier plan les chefs de la race divine, qui va régner sur ce monde nouveau ; maintenant il lui reste à nous montrer dans la famille de Japet et Clymène, couple titanique plus ancien que celui de Cronos et de Rhéa, les représentants de la race humaine. Japet eut de Clymène, fille de l’Océan, quatre fils, Atlas, Ménétius, Prométhée et Épiméthée. Leurs diverses fortunes furent toutes également malheureuses. Atlas, celui qui supporte et qui souffre avec courage, relégué aux extrémités occidentales de la terre, près des