Aller au contenu

Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
LA THÉOGONIE

sent le palais de Zeus, le maître de la foudre, où ils se répandent en accents harmonieux, et ils résonnent sur les sommets neigeux de l’Olympe, demeure des immortels. Cependant leur bouche céleste s’ouvre pour chanter et cette famille divine que Géa (la terre), et le vaste Ouranos (le ciel), engendrèrent, et les enfants qui en naquirent, les dieux auteurs de tous biens : elles chantent Zeus, le père des dieux et des hommes, commençant, finissant par ses louanges, célébrant en lui le plus fort, le plus puissant des dieux ; elles chantent la race des humains et celle des redoutables géants. Ainsi charment dans l’Olympe le cœur de Zeus ces divinités de l’Olympe que Zeus fit naître, que dans la Piérie lui donna Mnémosyne, souveraine des coteaux fertiles d’Éleuthère, ces filles de la déesse de mémoire, qui font oublier les maux et calment la douleur. Zeus, durant neuf nuits, avait visité leur mère, montant, loin du regard des immortels, dans sa couche sacrée ; et, quand l’année s’approcha de son terme, que les mois furent accomplis, que les jours marqués arrivèrent, elle mit au jour neuf vierges, qu’un même esprit anime, le cœur libre de soucis, sans autre soin que de chanter. Ce fut non loin de la dernière cime et des neiges de l’Olympe, où sont les brillants palais, théâtre de leurs jeux, où près d’elles ont leur demeure les Grâces et le Désir. Là, dans la joie des festins, leur voix ravissante chante les lois de l’univers et la vie divine des immortels. De ces lieux elles montent vers le sommet de l’Olympe avec leurs accents mélodieux, leurs célestes chansons. Tout à l’entour, les échos de la noire terre les répètent, et sous leurs pas cadencés naît une aimable harmonie, tandis qu’elles s’avancent vers leur père. Au haut du