Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

s’arme de l’égide, Héra qui règne dans Argos et marche sur une chaussure dorée, la fille du roi des dieux, Athéné aux yeux d’azur, Apollon et sa sœur la chasseresse Arthémis, Poséidon, ce dieu dont les eaux embrassent la terre, dont le sceptre l’ébranle, la vénérable Thémis, Aphrodite aux doux regards, Hébé à la couronne d’or, la belle Dioné, l’Aurore, le grand Hélios, la brillante Séléné, et Latone, et Japet, et Cronos aux rusés conseils, la Terre, le vaste Océan, la Nuit obscure, la race des autres dieux immortels.

Elles-mêmes elles enseignèrent leurs beaux chants à Hésiode, tandis qu’il paissait son troupeau au pied du divin Hélicon ; et voici comme me parlèrent ces déesses de l’Olympe, ces filles de Jupiter :

« Pasteurs qui dormez dans les champs, race grossière et brutale, nous savons ces histoires mensongères qui ressemblent à la vérité ; nous pouvons aussi quand il nous plaît, en raconter de véritables. »

Ainsi dirent les filles éloquentes du grand Zeus, et elles placèrent dans mes mains un sceptre merveilleux, un verdoyant rameau d’olivier ; elles me soufflèrent une voix divine, pour annoncer ce qui doit être et ce qui fut ; elles m’ordonnèrent de célébrer la race des immortels, les bienheureux habitants du ciel, elles surtout, dont la louange devait toujours ouvrir et terminer mes chants.

Mais c’est assez discourir, comme l’on dit, sur le chêne et sur la pierre.

Commençons donc par les Muses, qui, dans l’Olympe, charment la sublime intelligence de leur père, lorsqu’unissant leurs voix, elles disent et le présent, et l’avenir, et le passé. De leurs lèvres coulent avec une douceur infinie d’inépuisables chants : ils réjouis-