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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

cheveux de fleurs fraîchement écloses, de gracieuses guirlandes ; enfin, elle place sur son front une couronne d’or, chef-d’œuvre de l’illustre Boiteux. Ce dieu l’avait travaillée de ses mains, pour complaire aux désirs de Zeus, de son illustre père. On y voyait, en grand nombre, ciselés avec un art admirable, les monstres que nourrissent la terre et la mer ; une grâce divine brillait dans cet ouvrage ; ces figures semblaient vivre et respirer.

Lorsque le dieu a ainsi préparé ce fléau décevant, ce présent fatal, il amène la jeune fille, parée des dons de la déesse aux yeux d’azur, au père tout-puissant, dans l’assemblée des dieux et des hommes. Les dieux et les hommes admirent ce piège cruel à l’attrait duquel la race mortelle n’échappera pas.

C’est d’elle que vient la race des femmes ; c’est d’elle que viennent ces funestes compagnes de l’homme, qui s’associent à sa prospérité et non à sa misère. On voit les abeilles nourrir sous l’abri de leurs ruches de méchants et parasites frelons ; tandis qu’elles s’empressent tout le jour, jusqu’au coucher du soleil, pour composer leur miel, et remplir leurs blancs rayons, ceux-ci, à l’ombre des cellules, recueillent à loisir une moisson étrangère, et s’engraissent du labeur d’autrui. Telles sont les femmes que le dieu à la foudre retentissante a données aux hommes pour partager les fruits de leurs pénibles travaux. Bien des maux nous viennent de ce cruel présent que nous a fait Zeus au bruyant tonnerre. Si nous fuyons l’hymen et le commerce inquiet des femmes, nous n’avons, aux jours de la triste vieillesse, personne qui nous soutienne et nous console : en vain nous sommes dans l’abondance ; à notre mort, des parents éloignés se partagent entre