Aller au contenu

Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
61
POÉSIES DE BURNS.


En vain la vieillesse battait son corps en brêche :
En vain la goutte enchaînait ses jointures ;
En vain les ruisseaux coulaient comme des rivières
         Larges d’un arpent :
Maintenant chaque vieille femme, pleurant, répète :
         Tam Samson est mort !

Par-dessus mainte et mainie crevasse il sauta,
Et toujours il tira un autre coup,
Jusqu’au moment où la poltronne de Mort s’élança derrière lui
         Avec une mortelle inimitié ;
Maintenant elle proclame à son de trompe
         Que Tam Samson est mort !

Lorsqu’il sentit le poignard à son cœur, ?
Il trébucha comme lorsqu’il était ivre :
Mais pourtant il tira la détente mortelle,
         Attentif à bien viser ;
« Ô Dieu, cinq ! » s’écria-t-il, et là-dessus il tomba :
         Tam Samson est mort !

Chaque vieux chasseur regretta un frère :
Chaque jeune pleura un père ;
Cette vieille pierre grise, la-bas dans la bruyere,
         Indique la place de sa tête,
Où Burns a écrit en mauvais vers :
         Tam Samson est mort :

C’est là qu’il gît, dans un éternel repos.
Peut-être sur sa poitrine qui tombe en poussière
Quelques malicieux coqs de bruyère bâtissent leur nid
         Pour pondre et couver ;
Hélas ! il ne les inquiétera plus !
         Tam Samson est mort :

Quand les vents d’août font ondoyer la bruyère,
Et que les chasseurs errent auprès de ce tombeau,
Que sa mémoire réclame trois décharges
         De poudre et de plomb,
Jusqu’à ce qu’Écho réponde de son antre :
         Tam Samson est mort !

Que le ciel donne le repos à son âme, n’importe où il soit !
C’est le vœu de bien d’autres que moi.
Il avait deux défauts, peut-être bien trois ;
         Mais quel remède ?
Nous avons perdu un bon vivant, un brave homme :
         Tam Samson est mort !