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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/115

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POÉSIES DE BURNS.


Et toujours clle dévidait, et toujours elle suait :
         Je sais qu’elle ne s’amusait pas ;
Jusqu’à ce que quelque chose arrètit le fil dans le pot :
         Honté divine ! c’est qu’elle tremblait !…
Mais si c’était le diable lui-même,
         Ou si c’était le hout d’une poutre,
Ou si c’était Andrew Bell.
         Elle ne prit pas le temps de faire
                  De question cette nuit[1].

La petite Jenny dit à sa grand’maman :
        « Voulez-vous venir aver moi, grand maman ?
Je mangerai devant la glace la pomme
         Que j’ai eue de mon oncle Johnie[2]. »
Elle fumait sa pipe avec de telles bouffées,
         Elle exhalait tellement sa colère,
Qu’elle ne remarqua pas qu’une cendre chaude brûlait
         Son beau tablier neuf d’estame
                  De part en part cette nuit.

« Qui, vous ? face de mauvaise petite drôlesse !
         Avisez-vous d’une pareille plaisanterie,
Comme de chercher le grand Larron en aucun lieu,
         Pour qu’il vous dise votre bonne aventure :
Nul doute que vous ne puissiez avoir uns apparition :
         Mais vous devez avoir grand sujet de la craindre ;
Car plus d’une en a eu une frayeur,
         Et a vécu et est morte en délire
                  Dans une telle nuit.

» Une moisson avant La bataille de Shériff-moor[3], —
         Je m’en souviens comme d’hier,
J’étais alors une morveuse, ma foi,
         Je n’avais pas encore quinze ans :
L’été avait été froid et humide,
         Et le blé était très-vert ;
Et toujours nous avions un joyeux souper de moisson,
         Et ce fut juste la veille de la Toussaint
                  Qu’il tomba cette nuit.

» Notre maître moissonneur était Rab Mac-Graen,
         Un habile et vigoureux gaillard :
Il a depuis fait un enfant à Eppie Sim,
         Qui demeurait dans Achmacalla :

  1. Quand le fil s’arrête, on doit demander, « qui arrête ! » La réponse
    vous apprendra les nom et prénom de votre futur époux.
  2. Prenez une chandelle, et allez manger une pomme devant une glace, et vous y verrez votre futur époux regarder par-dessus votre épaule.
  3. En 1715, (N. d. trad.)