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Page:Poésies complètes de Robert Burns, 1843.djvu/126

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POÉSIES DE BURNS.

De leur foyer spacieux ;
Mais l’envie me gagne et j’enrage
À voir leur orgueil maudit.

II.


Il n’est guère au pouvoir de personne
De s’empêcher, de temps à autre, d’avoir de l’aigreur
En voyant comment les parts sont faites ;
Comment les plus dignes gens sont parfois dans le besoin,
Tandis que des sots dissipent des mille et des mille,
Et ne savent que faire pour en voir la fin ;
Mais, Davie, mon garçon, ne te mets pas martel en tête ;
Quoique notre avoir soit petit,
Nous serons en état de gagner notre pain quotidien
Tant que nous aurons force et santé :
« N’en demande pas plus et ne crains rien[1] ; »
Ne songe pas à la vieillesse,
Notre dernière chance, et la pire,
Après tout, c’est de mendier.

III.


Coucher le soir dans les fours et les granges,
Quand les os sont brisés et le sang appauvri,
C’est, sans doute, un grand malheur !
Pourtant alors la satisfaction de l’âme pourrait nous rendre heureux ;
Même alors parfois nous pourrions goûter quelques instants
De vraie félicité.
Le cœur honnête qui est exempt de toute
Intention de fraude ou de crime,
De quelque manière que la Fortune lance du pied la balle,
A toujours quelque motif de sourire :
Et ne perdez pas ceci de vue, et vous trouverez
Que ce n’est pas une petite consolation ;
Nous n’aurons donc plus de souci,
Nous ne pouvons pas tomber plus bas.


IV.



Qu’importe que, comme les roturiers des airs,
Nous errions sans savoir où,
N’ayant ni maison ni abri ?
Les charmes de la nature, les montagnes et les bois,
Les immenses vallées et les flots écumants,
Sont également ouverts à tous.
Les jours où les marguerites ornent la terre
Et où les merles sifflent clair,

  1. Ramsay