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POÉSIES DE BURNS.


DÉDICACE
A
GAYIN HAMILTON, ESQ.

N’attendez pas, monsieur, dans cette narration,
Une suppliante et flatteusa dédicace,
Qui vous exalte et vous appelle bon,
Et sorti d’un grand et noble sang,
Parce que vous vous nommez comme Sa Grâce[1] ;
Peut-être allié à sa race ;
Puis quand je serai fatigué — ct que vous le serez ausai
À force de mensonges dégoütants et coupables,
Faites une grimace et je m’arréterai,
De peur de blesser votre modestie.
Ceci peut être
— doit ètre le fait, monsieur, de ceux qui
Doivent plaire aux grands pour s’emplir le ventre.
Pour moi : je n’ai pas besoin de me courber si bas,
Car, Dieu merci, je puis labourer ;
Et quand je ne pourrai mettre un cheval au joug,
Alors, Dieu merci, je puis mendier.
Ainsi je dirai, et cela sans flatterie,
Tel est vraiment le poète, ct tel le patron.
Le Poëte, que quelque bon ango l’assiste,
Ou autrement, j’ai peur, quelque mauvais le frappera,
Il peut encore racheter tout ce qu’il a fait ;
Mais seulement, il n’a pas encore commencé.
Le Patron (monsieur, il faut me pardonner,
Je ne veux pas mentir, advienne de moi ce que pourra),
De part et d’autre on conviendra
Qu’il est tout juste aussi bon — mais non meilleur qu’il doit être.
J’accorde aisément et franchement,
Qu’il na peut pas voir un homme pauvre dans le besoin ;
Que ce qui n’est pas à lui, il ne le prendra pas ;
Que ce qu’il a une fois dit, il n’y manquera pas ;
Que tout ce qu’il peut prèter, il ne le refusera pas,
Jusqu’à ce qu’on abuse souvent de sa bonté ;
Et les coquins qui parfois lui font du tort,
Mème cela, il n’y pense pas long-temps.
Comme maitre, propriétaire, mari et père,
11 ne manque son rôle en rien.
Mais aussi, il n’y a pas de remerciments àlui faire pour tout cela,
Vous ne pouvez pas appeler cela un symptôme religieux ;

  1. Le duc de Hamilton. (N. d. trad.)